BLITZ

ÉTUDE DE CAS

 

 

Un jeune garçon obstiné part à l’aventure à Londres pendant la Seconde Guerre mondiale et se retrouve dans une situation périlleuse au milieu du Blitz (une période de bombardement de la Grande-Bretagne par l’aviation allemande en 1940) alors que sa mère, désemparée, est à sa recherche. Blitz, produit et réalisé par Steve McQueen, met en scène Elliot Heffernan dans le rôle de George et Saoirse Ronan dans celui de Rita, sa mère.

Entretien avec Max Dennison, superviseur principal des effets visuels à Cinesite

Comment les effets visuels de Cinesite ont-ils contribué à l’histoire et au ton de Blitz?

Blitz est un drame historique, une histoire douce sur un petit garçon qui se perd dans le Blitz et son voyage pour retrouver le chemin de la maison. Nous l’avons abordé avec autant de sensibilité que possible ; notre travail devait absolument jouer un rôle secondaire dans l’histoire principale.

Steve McQueen voulait que le public voie le monde à travers les yeux du garçon (George), de sorte que les effets visuels ne pouvaient en aucun cas consister en de grands passages de caméra en images de synthèse ; il ne s’agissait pas d’offrir un spectacle. Ce que nous devions créer, c’était le sentiment d’être dans la même histoire que le garçon.

Les effets visuels devaient être invisibles et aussi authentiques que possible, transportant le spectateur dans le Londres des années 1940.

Le plus important était que tous nos artistes comprennent la nature du travail et s’investissent dans le monde que le réalisateur Steve McQueen essayait de créer, en livrant exactement ce qu’il avait imaginé à l’écran. Fournir ce contexte créatif est un élément clé du rôle de supervision des effets visuels. Nous ne sommes pas seulement des techniciens, nous sommes avant tout des cinéastes, et nous devions être honnêtes dans le récit.

 

« Cinesite a réalisé 150 effets visuels pour ce drame historique, qui a ouvert le prestigieux Festival du film de Londres le 9 octobre 2024. Blitz, qui dépeint la dure réalité de la guerre du point de vue d’un enfant, a été largement salué par la presse, qui l’a qualifié de « visuellement époustouflant », avec « des images à la fois obsédantes et magnifiques », ainsi que pour son « sens de l’intemporalité et de l’authenticité historique.»
– Steve McQueen

 

 

 

À quel point le réalisme et l’exactitude historique étaient-ils importants?

La séquence de l’attentat à la bombe à Londres allait être l’aspect le plus difficile des effets visuels créés par Cinesite. Notre première étape a consisté à trouver une référence visuelle appropriée. Nous avons exploré des séquences de films en noir et blanc des années 1940 sur le Blitz, avec des pompiers dans les rues qui tentent désespérément d’éteindre les brasiers qui font rage. Nous avons rassemblé les séquences de référence des héros, qui sont devenues une sorte de bible des images à suivre. Bien sûr, ces images ont été tournées en noir et blanc, et nous avons donc également fait référence à des images contemporaines en couleur, mais il était important pour nous de comprendre comment un bâtiment pouvait brûler lorsqu’il était construit avec des matériaux combustibles datant spécifiquement de cette époque. Par exemple, les entrepôts londoniens situés le long de la Tamise sont faits de briques avec des planchers et des plafonds en chêne, ce qui crée des formes squelettiques et austères lorsqu’ils brûlent.

Les ombres étaient très importantes pour l’esthétique que je voulais obtenir; cela devait ressembler à un jeu d’ombres, à des ombres chinoises. Le garçon voit du métal gravement endommagé et des bâtiments entourés de fumée, obscurcis par les flammes et les couches de fumée. Il y avait une qualité abstraite, parce qu’il ne savait pas exactement ce qu’il voyait. On devait créer un sentiment viscéral; il était donc vital de trouver la bonne référence.

Comment l’environnement du Blitz sur les docks a-t-il été créé?

Toute la séquence a été filmée dans les docks de Watford, dans l’est de Londres, qui ont en fait très peu changé au cours des années écoulées, avec de nombreux anciens entrepôts toujours intacts, aujourd’hui rénovés et modernisés. Il était facile d’être sur place et d’imaginer ce que cela aurait pu être en 1940.

La Tamise est un fleuve en activité et on devait la recréer telle qu’elle était, encombrée de barges, de navires et de charbon. On a construit une immense façade sur les rives nord et sud avec un environnement fluvial réaliste, comprenant des grues, des barges, des ponts, des bateaux et des entrepôts délabrés.

La scène devait être rétroéclairée par l’impact des bombes incendiaires sur la ligne d’horizon du sud de Londres, de sorte que, dans une optique d’éclairage, de nombreux éléments devaient se dessiner. Encore là, ce jeu d’ombres, servant à créer des silhouettes qui capturent l’essence de la destruction, était très important. Les bombes explosent au loin, hors caméras, et leur impact n’est pas toujours visible, mais les grues et les bâtiments suscitent un véritable sentiment de peur.

On a construit un environnement dans lequel on n’a jamais dépassé une hauteur de 20 pieds, en gardant toujours le point de vue près du sol pour maintenir une perspective cohérente; basse, regardant vers le ciel et jamais vers le bas, comme le point de vue du garçon.

Comment les explosions ont-elles été créées?

Pour les explosions elles-mêmes, on est retournés aux références, en étudiant les types de munitions utilisées par les bombardiers allemands et en analysant la quantité de poudre, de débris et de poussière que chaque taille créait, afin qu’elles soient les plus authentiques possibles.

Dans un plan, George court dans une rue en flammes au bord de la Tamise, passant devant un canon antiaérien et un projecteur à la recherche de bombardiers allemands à cibler. Plus loin dans la rue, les pompiers tentent désespérément d’éteindre les flammes. Les bâtiments, la fumée, la poussière et les débris ont tous été créés en images de synthèse, avec quelques décors numériques pour améliorer le mouvement de caméras. On a incorporé des tremblements de caméra pour donner l’impression que les scènes avaient été tournées par une caméra à main, ainsi que des effets dynamiques de fumée et de feu pour créer une atmosphère chaude et dangereuse.

Quel a été le plus grand défi dans la séquence du Blitz?

Durant les neuf plans de la séquence du Blitz, le défi consistait à placer le public au cœur de l’action et à éviter qu’il y ait de grandes vues aériennes ou des mouvements de caméra qui frappent l’attention. Si vous aviez filmé l’action en 1940, soit avec une caméra à main, soit sur une grue ou une perche, cela aurait été légal; tout ce qui est en dehors de cela ne pouvait pas être inclus. On a toujours fondé les effets visuels sur ce qui semblait réel. Quand on a montré la perspective de George en train de courir, on a veillé à ce que les situations environnantes soient vues à sa hauteur et pas plus haut que lui.

 

Il y a un plan où l’on voit George courir à un coin de rue et un avion s’écraser dans le fleuve derrière lui. Le souci des détails est tellement grand dans ce que nous avons créé! On était constamment en train d’examiner et de vérifier l’authenticité, de s’assurer que la fumée était correcte, qu’elle se déplaçait dans le bon sens, que la dynamique de l’avion et l’éclaboussement de l’eau fonctionnaient correctement.

 

Pouvez-vous décrire d’autres effets visuels réalisés par Cinesite?

Dans une scène, Rita, la mère de George, cherche désespérément son fils. Elle entre dans une petite cour à côté d’un site bombardé. Un mur de briques s’effondre, et un garde aérien la pousse en lieu sûr juste avant que le mur ne s’écroule devant elle.

Ils avaient construit un mur réaliste sur le plateau qui est tombé; il a finalement servi de référence pour un mur en images de synthèse qu’on a créé et ajouté plus tard. L’effondrement a également nécessité des effets dynamiques tels que des briques cassées, de la poussière et des gravats.

Dans une séquence de salle de danse, on a ajouté un plafond en images de synthèse et dans une séquence de train filmée à la gare de St Pancras à Londres, on a dû nettoyer tous les éléments contemporains de la scène, en les remplaçant par des locomotives des années 1940, des trains à vapeur, et autres. De nombreux plans entiers d’effets visuels invisibles ont été créés par l’équipe.

Il y a aussi une belle séquence avec George et quelques autres garçons qui sont montés sur le toit d’un train traversant la campagne anglaise.

Les garçons ont été filmés sur des écrans verts, et des prises de vue captées depuis un train ont été assemblées et étalonnées pour créer l’arrière-plan. On a utilisé des images de synthèse pour recréer les wagons, la locomotive, la vapeur et la fumée, en intégrant le tout pour créer l’environnement dans lequel on a placé les garçons.

Votre plan préféré?

Honnêtement, il n’y a pas une partie du corps du travail que je pourrais choisir parce que je suis tellement fier du projet dans son ensemble. On a ancré les effets visuels qu’on a créés dans la réalité, et les artistes se sont réellement investis et se sont approprié leurs plans. Tout le monde était passionné par son travail, ce qui est très important pour un film comme celui-ci – c’était une partie de plaisir pour nous tous.

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