Les superviseurs en effets visuels (VFX) sont responsables de l’ensemble d’un projet VFX. Ils gèrent le pipeline d’effets visuels, y compris tous les artistes VFX qui travaillent dans ce processus. Ils ont la responsabilité ultime de tous les éléments d’effets visuels produits pour un projet par leur studio. Nous avons rencontré Artemis Oikonomopoulou, superviseure en effets visuels de Cinesite, pour en savoir plus sur son cheminement de carrière et sur l’importance de créer une vision commune à laquelle tous pourront adhérer.

POURQUOI AVEZ-VOUS DÉCIDÉ DE CONSACRER VOTRE VIE PROFESSIONNELLE AUX EFFETS VISUELS?

J’adore le cinéma et la science depuis que je suis très jeune, et les effets visuels combinent les deux. C’est toujours très satisfaisant de voir l’avant et l’après d’un plan et à quel point nous pouvons contribuer à la production de films.

QUELS ONT ÉTÉ VOS DÉBUTS DANS L’INDUSTRIE?

J’ai obtenu un baccalauréat et une maîtrise en Animation par ordinateur à Bournemouth. Pendant que je terminais mon mémoire, des recruteurs sont venus à l’université pour trouver de nouveaux talents et deux semaines plus tard, je me suis retrouvée avec un emploi à Londres.

QUELLES SONT VOS TÂCHES QUOTIDIENNES ET À QUEL POINT ÊTES-VOUS IMPLIQUÉE DANS LA PRODUCTION DE FILMS?

Je passe la majeure partie de mes journées à examiner le travail de mon équipe et à essayer de l’orienter vers ce qui doit être fait. Je visionne autant que possible les séquences qui ont été coupées, car de nouvelles idées peuvent surgir ou des choses auraient pu être manquées auparavant. J’essaie d’être sur le terrain et de me tenir au courant des technologies et des outils fournis, parce que je pense que c’est le meilleur moyen de m’assurer de comprendre les méthodes de travail ou les limites auxquelles l’équipe pourrait faire face pour essayer ensuite d’apporter des solutions.

LE PROCESSUS CRÉATIF EN EFFETS VISUELS ÉTANT TRÈS PARTICULIER, COMMENT INTERVIENNENT LE SUPERVISEUR EN EFFETS VISUELS ET LE RÉALISATEUR D’UN FILM DANS CE PROCESSUS?

Vous devez d’abord comprendre la vision du réalisateur et ce qu’il essaie d’accomplir. Vous devez essayer de visualiser dans votre esprit ce qu’il voit et tenter de trouver des solutions pour arriver à concrétiser ses idées. Établir une relation solide est la clé, une relation au sein de laquelle vous soutenez ses idées et les mettez à exécution, mais apportez aussi de nouvelles suggestions autour de la table.

QUELLE EST VOTRE MEILLEURE RÉALISATION JUSQU’À MAINTENANT OU QUEL EST LE FILM DUQUEL VOUS ÊTES LA PLUS FIÈRE?

L’un des projets les plus mémorables est Ant Man. Pour l’une des séquences, on devait recréer la chambre d’un jeune enfant, ce qui voulait dire beaucoup de jouets! C’était formidable de tout voir sur un plan microscopique et d’essayer d’observer les moindres détails.

BEAUCOUP DE PERSONNES SE TOURNENT VERS VOUS POUR TROUVER LEUR INSPIRATION ET POUR VOIR À QUEL NIVEAU SE TROUVE LA BARRE. OÙ TROUVEZ-VOUS PERSONNELLEMENT VOTRE INSPIRATION QUAND VOUS VOUS ENGAGEZ DANS UN PROCESSUS ET QUE VOUS PENSEZ : « POUVONS-NOUS FAIRE CE TRAVAIL? »

En tant que superviseure, je suis là pour soutenir et encourager l’équipe, alors j’essaie de garder une attitude positive qui me fait penser que « oui, on peut y arriver ». Personnellement, je regarde beaucoup de films et je vais au cinéma et dans des galeries d’art chaque semaine. Quand on travaille dans un milieu créatif, on doit continuer à nourrir notre conscience et à cultiver l’observation du monde qui nous entoure.

Y A-T-IL ACTUELLEMENT DES CINÉASTES QUE VOUS ADMIREZ ET AVEC QUI VOUS AIMERIEZ TRAVAILLER?

Denis Villeneuve et Yórgos Lánthimos. Ce sont des réalisateurs très différents, mais leurs films sont toujours visuellement spectaculaires.

SI VOUS DEVIEZ ANIMER UN MINI FESTIVAL ET NOMMER VOS TROIS FILMS À EFFETS VISUELS PRÉFÉRÉS, LESQUELS CHOISIRIEZ-VOUS ET POURQUOI?

• Blade Runner – retour à l’époque des effets visuels pratiques et de l’étonnante photographie noire;
• Oblivion – un film magnifiquement tourné qui n’a pas reçu autant de reconnaissance qu’il méritait, selon moi;
• Toutes les productions de Steven Spielberg depuis les années 1980 – j’ai passé ma jeunesse à regarder tous ses films.

QUELS DÉFIS AVEZ-VOUS DÛ RELEVER DANS L’INDUSTRIE CINÉMATOGRAPHIQUE ET PENSEZ-VOUS QUE LA SITUATION DES FEMMES CHANGE DANS CE SECTEUR?

Il y a assurément plus de femmes dans le secteur des effets visuels maintenant que quand j’ai commencé il y a 20 ans. Être en minorité peut parfois être difficile, alors nous devrions tous essayer de promouvoir notre travail et de donner des précisions sur celui-ci pour que cela puisse être un choix viable pour les femmes. Même si le milieu de travail s’est bien adapté jusqu’à présent, il ne pourra s’améliorer que si nous parvenons à un meilleur équilibre entre les genres.

QUELLE DIMENSION DU TRAVAIL VOUS REND PARTICULIÈREMENT HEUREUSE?

Annoncer aux artistes que leur plan a été finalisé, surtout s’il était l’un des plus difficiles.

QUELS CHANGEMENTS AVEZ-VOUS OBSERVÉS DANS VOTRE DOMAINE AU FIL DES ANNÉES?

Les voix qui s’élèvent sur le plan des effets visuels sont beaucoup plus entendues de nos jours aux stades de la préproduction et du tournage que par le passé. Nous sommes maintenant considérés comme un service équitable dans le processus de réalisation de films.

QUELS CHANGEMENTS AIMERIEZ-VOUS VOIR SE PRODUIRE?

Il sera intéressant de voir jusqu’où pourra aller la cinématographie virtuelle dans les prochaines années et à quel point cela refaçonnera l’avenir cinématographique.

POUR CONCLURE, AVEZ-VOUS DES CONSEILS POUR LES FEMMES QUI VEULENT ÊTRE SUPERVISEURES EN EFFETS VISUELS?

J’essaie de ne pas me considérer comme une femme travaillant dans l’industrie des VFX, mais comme une artiste au même titre que les autres. Vous devez suivre vos rêves et votre vocation malgré ce que les normes peuvent vous dicter. J’aimerais penser qu’on peut vivre dans un monde où les personnes travaillantes et talentueuses s’illustrent toujours malgré leurs antécédents, leur origine ethnique ou leur sexe.